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interviewAbdou LEKEHAL : « Avec ce groupe de N3, on peut aller à la “guerre” »

Elite Val D'Oise Handball

Abdou LEKEHAL : « Avec ce groupe de N3, on peut aller à la “guerre” »

“Coach Abdou” est un personnage. Sur le terrain, en match comme à l’entraînement, et en dehors, au téléphone ou au détour d’une discussion, il respire le Hand, vit sa passion à fond, mais il pèse ses mots quand il s’agit de parler de… N2. A presque 50 ans, il est ambitieux pour ses filles de la N3, mais ne veut pas encore rêver ni parler de montée. Patron de la filière féminine de l’Elite Val d’Oise Handball, on l’écoute avec attention quand il évoque la saison pour le moment presque parfaite de son collectif attachant !

ELITE VAL D’OISE HANDBALL : Quel bilan dresses-tu du début de saison de ton collectif N3 Filles, en tête après la 8e journée et le début des matches retour avec deux points d’avance sur Palaiseau ?
ABDOU LEKEHAL : « Positif. Tout simplement, car avant une 2e phase, on est en tête. On est en capacité aujourd’hui d’aborder cette 2e phase dans le bon sens. L’objectif était de jouer les premiers rôles. On y est (avec la meilleure attaque et la deuxième meilleure défense de la poule). »

 

EVO : Comment se déroule la suite de la saison ?
A.L. : « Après cette première phase, les quatre meilleures équipes des deux poules s’affrontent dans un Playoff (les quatre moins bonnes en Playdown) avec un cumul de points conservés face aux équipes que tu auras déjà rencontrées. En 2e phase, tu ne rejoueras que les nouveaux adversaires et il faudra terminer dans les deux premières. »

 

EVO : Depuis que l’on te connaît avec l’Elite, les résultats vont crescendo et aujourd’hui, vous êtes en tête de votre poule. Cette équipe est un travail sur le long terme depuis sa création en 2017 ?
A.L. : « Sur le principe, c’est une construction lente. Le Handball féminin n’était pas très connu avant l’arrivée de l’Elite. Et il y a eu une volonté de mettre plus de moyens sur nos filles et promouvoir sa pratique à Franconville Le Plessis Bouchard. Avec la création de l’Elite, on a voulu insérer le Hand féminin. Les résultats sont donc dans une certaine continuité avec aussi un renforcement de la filière dans sa globalité, même si le Covid-19 a fait beaucoup de dégâts. Mais on continue à bosser et le projet reste le même… Ce qui est dommage, c’est que l’on ait perdu un collectif jeune, les U18 dans la filière, une catégorie compliquée. »

 

EVO : Ces résultats aujourd’hui viennent saluer le travail chaque année d’un groupe comprenant des filles présentes depuis le début de l’aventure (Marie Robin, Sandra Rodriguez, Léa Hoarau, Clara Mantey) et d’un bon recrutement opéré année après année ?
A.L. : « Oui. Quatre sont là depuis le début, alors que j’avais moins de filles à l’époque. Aujourd’hui, elles sont 16. Parfois, on faisait des matches sans remplaçante et quand je voulais changer quelqu’un, je n’avais que des bouteilles d’eau sur le banc. Depuis, notre travail est en constante progression. Il faut savoir avec les filles, que plus leur niveau est élevé, plus la somme de travail est élevée et meilleure est la qualité du travail. Donc on peut aller sur des choses plus élaborées, plus techniques. Ça se répercute sur les résultats. Cette exigence est valable dans toutes les catégories. Sur l’aspect tactique, technique, les entraînements, les contenus, si tu n’as pas la culture Handball, la compréhension, tu avanceras moins vite. »

EVO : Il y a eu un recrutement de nombreuses filles en provenance de Cergy, le meilleur club Féminin du département qui évolue en N1. Cela signifie qu’il y a une volonté de voir plus haut que votre niveau Régional de N3, en National en N2, en N1 voire dans le milieu professionnel de la D2 et la D1 ?
A.L. : « Oui. Avec les filles, on veut se hisser au niveau national, aller le plus loin possible, par rapport à nos moyens et à la situation du club. La motivation est là, comme les efforts et les investissements. On met tous les ingrédients pour y arriver. On veut aller sur un niveau intermédiaire National de très bon niveau. On veut atteindre le niveau au-dessus. Après, au-dessus encore, cela reste très loin. Il y a des gaps à franchir entre la N2 et la N1, sportivement par exemple. Et au-delà, c’est une autre structuration. Là, on ne parle pas que d’athlètes. Pour le moment, je reste focalisé avec les Filles sur la N2. Un niveau que j’ai connu. Il faut être patient, travailler et ne pas se bruler les ailes. Il ne faut pas se précipiter. »

 

EVO : Cette N2, les Filles en ont envie. Le potentiel surtout aussi ?
A.L. : « Oui. On peut atteindre ce niveau en étant régulier comme on l’est actuellement dans nos performances. »

 

EVO : Dans la filière, une 2e équipe adulte a été ajoutée en Séniors, avec Laurent Zami comme coach. Elle évolue en Excellence Département. L’idée peut être d’avoir une équipe réserve pour la N3, comme la N3 l’est pour la N1 chez les garçons ?
A.L. : « L’idée est là, construire une réserve. Après, en tant que responsable de la filière féminine, je garde un œil sur le niveau des filles. Certaines ont le potentiel pour intégrer le groupe 1. On va voir. »

 

EVO : Dans le recrutement en N3, toi tu n’as jamais bougé, alors que tu es là depuis le début. Cela signifie que ce projet féminin est un projet global qui va au-delà de la N3 ?
A.L. : « On a l’impression que j’ai toujours été à Franconville (il rigole). J’habite juste derrière Franconville, à Montigny-lès-Cormeilles ! J’entame ma 5e saison avec l’Elite. Avant, j’étais à Conflans-Sainte-Honorine pendant cinq ans, avec trois montées en quatre ans. Donc, cette évolution sportive, je sais ce que c’est. Pour monter, il faut être patient et bien travailler avant de penser à autre chose… Je travaille sur la durée, car les dirigeants ont jugé que je suis la personne qu’il faut pour cette filière. Il y a une confiance. Ce qui change cette année, c’est que le projet de montée est plus atteignable. »

 

EVO : A tel point que cinq ans après la création de l’équipe, vous jouez la montée en N2…
A.L. : « Moi, je ne parle jamais de montée. Une saison, c’est long, avec beaucoup de paramètres à maitriser. Il faut savoir fédérer, que le groupe vive bien. Une gestion d’un groupe de filles, c’est particulier. J’ai entraîné des garçons jeunes et adultes. Les filles, c’est plus… sensible à entraîner. Mais à partir du moment où le relationnel est bon, que les filles adhèrent à ce que tu fais, au projet, tu peux aller à la guerre tranquille avec elles ! »

EVO : Dans toute la filière féminine, tu estimes que vous travaillez avec combien de filles ?
A.L. : « On a perdu pas mal de filles, surtout en jeunes. En adulte, on en a gagnées. Le Covid a fait que des filles ont changé leur centre d’intérêt. On a une filière en pleine construction. On a des U12 avec Franconville Le Plessis Bouchard, puis les U14 avec Saint-Gratien Sannois. Les U14 avec un fort potentiel sont intégrées en U16 de l’Elite Val d’Oise pour avancer dans leur savoir-faire. On a des filles en sélection aussi. C’est un gros travail avec un staff compétant à tous les niveaux, Laurent sur les Séniors 2, Mélanie sur les U16, Chelsea sur les U14 et Marie Robin sur les U12. Avec moi en N3, c’est un staff qui communique beaucoup par sa proximité. C’est facile pour travailler, régler les soucis, évoluer. C’est un travail de filière intelligent et efficace. Ça mène tout le monde vers le haut et l’efficacité. On voit aussi beaucoup de petites aux matches des Séniors, ce qui n’était pas le cas avant. Le projet féminin est global et ne concerne pas que l’équipe 1 ou que la coach d’une jeune joueuse. Mais c’est un ensemble. On a un aspect identitaire fort ! »

 

EVO : Quels sont les adversaires potentiels de l’Elite dans le département ?
A.L. : « Cergy, qui évolue en championnat de France N1, mais qui a des soucis sportifs cette année. Il faut savoir que c’est un club presque exclusivement féminin, avec cette culture féminine. Nous, dans notre envie de mettre en avant les filles, on vit dans l’ombre des garçons. Mais on a connu beaucoup d’avancées. Après, en Ile-de-France, il y a beaucoup d’équipes féminines à tous les niveaux, en N1, en N2 et bien-sûr au-dessus en D1-D2. »

 

EVO : Comme les garçons ambitionnent de mener un club du département au niveau professionnel, ton objectif avec les filles est-il aussi de rejoindre Cergy au haut niveau ?
A.L. : « Moi, sincèrement, je ne suis pas dans cette idée. Je suis focalisé sur mon équipe. Je ne suis pas dans cette bataille départementale. On n’a pas le fonctionnement et la structuration de Cergy. On n’est pas dans la même idée que les garçons. On m’a déjà parlé de ça. Mais, je regarde ce que je fais moi. Si je rejoins un concurrent, pourquoi pas. Mais je veux surtout que ma filière jeune progresse, qu’on soit meilleure là-dessus pour alimenter les équipes adultes. L’idée est là. »

 

EVO : Cette 2e phase retour que vous avez entamée te laisse optimiste pour la suite ?
A.L. : « Oui. Après, il reste les matches retours. J’ai identifié trois matches importants au Paris Sport Club (journée 10), contre Palaiseau (11) et à Serris (13). On semble être les quatre meilleures équipes de la poule. Donc ces points là compteront pour la suite en phase de Playoff. Mais on reçoit aussi Sucy. Ces matches seront capitaux. Dans l’autre poule, que je suis depuis le début, sincèrement, je suis surpris par certains résultats. Le Paris UC ne me surprend pas. Mais je suis étonné par Lagny. »

EVO : Allez, je me lance : vous jouez la montée en N2 en fin de saison ?
A.L. : « Je te le dirai… quand il faudra que je te le dise. Tu me reposeras la question dans un moment (il rigole)… Au printemps. Car il y a beaucoup de paramètres à prendre en compte quand tu joues un championnat à deux phases. Il ne faut pas s’avancer sur ce genre de choses. Tu passes des paliers dans une saison et tu vois progressivement si tu peux envisager les choses. Il faut rester en retenue et pas s’avancer pour rien. J’ai joué des montées sur un championnat complet. C’est plus simple. Là, avec le cumul de points, tu peux repartir sur une nouvelle phase avec des points “négatifs”. »

 

EVO : Sens-tu comme la synergie autour des garçons et une envie de monter en Proligue une envie du côté des filles de monter en N2 voire au-dessus un jour au sein du club ?
A.L. : « Oui. Je le vois. Avant que l’on se retrouve dans le projet et à jouer les premiers rôles surtout, on en a parlé. On en parlait il y a deux ans déjà. Mais mon président sait que je veux éviter cette discussion, mais que je suis là avec de l’ambition. »

 

EVO : Les résultats sont allés crescendo depuis la saison 2017-2018…
A.L. : « La première année, on monte de Prénat en N3 à mon arrivée. Ensuite, on a toujours joué les Playoff et l’an passé, la saison a été arrêtée. »

 

EVO : A votre niveau régional de N3, sentez-vous un élan avec les résultats des filles de l’Equipe de France comme les résultats des garçons peuvent avoir de l’influence chez les jeunes ?
A.L. : « Quand je suis arrivé, j’ai vu le chantier ! Moi, je voulais déjà monter en N3 ! Ensuite, il fallait jouer les Playoff et se faire connaître et rendre le club attrayant. L’idée était donc que le groupe N3 Filles de Franconville attire des filles, de son propre chef et pas forcément avec les résultats des autres. On a récupéré des anciennes de Franconville et j’ai toujours tenu à ce que ce soient elles qui attirent par leurs résultats. Des filles étaient parties à Cergy et trois filles sont revenues chez nous. Ça, c’est important dans mon esprit, un engouement qui va au-delà des résultats internationaux ! En deux ans, on a cinq arrivées et cinq autres arrivées, que de copines. Et ça, ça compte. »

 

EVO : Tout est réuni aujourd’hui pour que cette évolution vous mène en N2… même si tu ne veux pas le dire.
A.L. : « Les résultats, l’ambiance, les copines, l’intégration des nouvelles, la dynamique. Les ingrédients sont là. On a ce qu’il faut pour monter. Je ne vois pas ce qui… Mais attention, comme on dit, tu ne gagnes pas les matches avant de les avoir joués. C’est la réalité de notre discours de coach. Tout bascule trop vite, chez n’importe quel adversaire. Il n’y pas que le jeu dans une saison, mais c’est toute une préparation aussi. Il faut être calme, tranquille, savoir rassurer. Les filles, ça marche à ça. »

Interview : Frédéric Thoos (EVO)

Photos : Isabelle Allard Toubal, Vanessa Broussier Moreau, Martine Riche (EVO)

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