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interviewRaphaël Vaquerin « Il faut que les jeunes disent : “Je veux jouer pour l’Elite Val d’Oise Handball” »

Elite Val D'Oise Handball

Raphaël Vaquerin « Il faut que les jeunes disent : “Je veux jouer pour l’Elite Val d’Oise Handball” »

A 25 ans, le nouvel entraîneur des U18 Championnat de France de l’Elite possède une longue expérience. Joueur jusqu’en N2, il a basculé à Montpellier puis en Ile-de-France dans la sphère entraîneurs-formateurs chez les jeunes et les adultes, garçons et filles, au plus haut niveau. Il a un regard honnête et précis sur son collectif, mais aussi un avis légitime sur la politique de formation de l’EVO et de ses clubs associés et son rayonnement sur le territoire.

ELITE VAL D’OISE HANDBALL : Après quatre mois et une première phase de compétition, quel bilan dresses-tu du début de saison 2021-2022 de nos U18 Championnat de France ?
RAPHAËL VAQUERIN : « Bonne question (il rigole). Le bilan général est satisfaisant, même si les résultats sont décevants. On était tombé dans la poule la plus serrée avec le niveau le relevé. A deux journées de la fin, tout le monde pouvait encore se qualifier. On tombe notamment contre une entente de Pontault et tout le 77 très forte. Et il y a Tremblay très difficile à jouer. On a réussi de grosses performances et dans les matches contre des équipes moins fortes, on a connu deux défaites à Artois et Gonfreville, où on n’a pas su élever notre niveau. Les résultats sont en demi-teinte avec des objectifs non remplis, car on retombe en poule basse. Mais dans le jeu pur, on a une bonne implication des joueurs jusqu’en décembre. On a bien travaillé, on progresse. Ça c’est satisfaisant. »

EVOH : Tu es arrivé en mai-juin dernier. Quel état des lieux avais-tu fait du groupe élargi U18 France-Région avec quelques joueurs départemental que tu as découvert ?
R.V. : « J’arrivais des filles, donc j’ai dû me remettre dans l’ambiance garçon. J’ai trouvé de suite que ça courait beaucoup, avec une grosse dépense énergétique malgré des gabarits imposants pour certains. Il y avait la volonté de jouer tout le temps. C’était satisfaisant. Le diagnostique d’une équipe parisienne qui défend, met du contact, court. C’est plutôt bon techniquement. Après, j’avais trouvé des lacunes dans la gestion du ballon, du rythme, l’organisation en attaque et en défense, une réflexion globale sur le jeu moins présente en région parisienne du fait du gabarit et des capacités physiques qui m’est chère de par ma formation montpelliéraine. Des lacunes à relativiser avec le fait qu’ils n’avaient pas joué depuis un an quasiment. De manière générale, le diagnostique était très bon avec du potentiel, pas de joueur star, beaucoup de possibilités, de changements de poste, de grands et petits alignements, de motivation et d’énergie aussi. »

 

EVOH : Les enfants ont-ils beaucoup souffert de la longue coupure Covid ?
R.V. : « Enormément, car la progression dans les fondamentaux s’est altérée. Il a fallu reprendre beaucoup de bases pour des joueurs de cet âge-là. On n’aurait pas dû. Il a fallu les remettre dans l’intensité. Je trouve que le fait qu’il n’y ait plus de contact, d’entrainement physique, au début, ils ont fuit les duels, le combat, ce qui dénature le jeu. Il y a eu une appréhension. Et je couple ça avec beaucoup de bobos et une préparation tronquée. Un type d’efforts non reproduits qui a engendré des blessures. Tous ont été arrêtés à un moment ou un autre. Ça s’est fait ressentir. Chaque arrêt a été compliqué. »

 

EVOH : Tu as entraîné des jeunes, des adultes, des garçons et des filles. Raconte-nous tes différentes expériences.
R.V. : « J’ai grandi en Aveyron jusque mes 15 ans. Dans un petit village de rugbymen et de handballeurs, j’ai choisi le Hand. J’ai touché le Hand de bon niveau à Mende. Pour la FAC, je suis parti à Montpellier et après avoir joué en U18 Championnat de France et en N2 à Frontignan, j’ai commencé à me former au métier d’entraîneur au Montpellier Handball. Avec une Licence STAPS, j’ai fait les U9, les U13 secteurs puis U13-1 avec les profils de la génération 2003. Ça m’a plu. Je suis ensuite monté à Ivry avec ma Licence STAPS. J’étais en Master à Créteil dans l’optimisation de la performance sportive et dans l’analyse vidéo. J’ai fait un stage à Ivry où j’ai continué l’entraînement et j’ai commencé à faire de l’analyse pour les pros auprès de mon coach de Mende. J’ai entraîné deux ans les U15 pendant mon stage professionnel et à l’issue, j’ai décroché mon premier contrat pro à Paris 92, en 1re division féminine en tant qu’adjoint-analyste vidéo et responsable du Centre de formation et entraîneur des U18 France. Est arrivée la période Covid avec un an d’arrêt, un an à Maisons-Alfort et mon arrivée à l’Elite Val d’Oise. A Paris 92, j’ai connu le très haut niveau avec des filles comme Allison Pineau et Océane Sercien-Ugolin. Je vivais ma première expérience au quotidien dans un club à Issy-les-Moulineaux. Entraîner des filles, c’est différent humainement et sportivement, avec des approches différentes. Mais toutes les deux intéressantes. J’ai beaucoup appris des jeunes et des adultes, garçons et filles. »

 

EVOH : Tu travailles avec un groupe de combien de joueurs cette saison et avec quels objectifs précis avec ce groupe U18 France ?
R.V. : « Le groupe restreint est à une quinzaine de joueurs et élargi à 22. Sportivement, on voulait être dans les deux premiers de la première phase. On voulait être en poule haute et on n’est pas passé loin. Maintenant, l’objectif est de se maintenir en Championnat de France pour 2022-23. On l’aurait été d’office en restant en poule haute. Comme on est en poule basse, il faut entrer dans les 9 meilleures équipes franciliennes. 6 étant en poule haute, il faut être dans les 3 meilleures en poule basse et on en a deux avec nous. Il faut donc finir dans les quatre premiers sur 6 de cette 2e poule et finir devant les deux équipes franciliennes. C’est l’objectif “bas”, car, avec les joueurs, on veut être 1er et invaincu. Si jamais on n’atteignait pas l’objectif, on aurait le risque l’an prochain de ne plus avoir d’équipe Championnat de France. Ne plus être dans ce championnat peut remettre en cause la politique globale des U18. Une remise en cause de tout le système même. »

EVOH : C’est à dire ?
R.V. : « La N1, même si c’est compliqué de s’appuyer énormément sur la formation, on aimerait qu’à terme, des joueurs y arrivent. Y compris pour la N1, il faut arriver à alimenter cette équipe-là par des joueurs formés au club. On est réputé club formateur. Si on perd notre plus haut niveau en équipe jeune, cela deviendra compliqué et ce serait un vrai désaveu de notre politique de formation. C’est prioritaire de se maintenir en U18 Championnat de France. C’est une des plus belles vitrines que l’on puisse donner du club. On a largement tout pour se maintenir. »

 

EVOH : U17-U18, c’est la dernière catégorie avant le passage adulte. La catégorie la compliquée avec un objectif humain en plus du sportif ?
R.V. : « Il y a énormément d’objectifs humains pour ces enfants-là ! Entre ceux qui veulent faire du très haut niveau avant peut-être un centre de formation, il y a aussi les objectifs scolaires, avec le passage du BAC qui arrive en fin de U18. La société veut qu’à cet âge, on leur demande de faire des choix et ils sont en pleine prise de responsabilités. Les objectifs sont de les aider dans leur développement humain du caractère, à la fois dans la double réussite du projet scolaire et sportif et donc de les aider dans leur organisation, leur savoir-vivre, leur hygiène, leur tête. Les exigences sont très hautes. Tout se mêle. Il faut bien les accompagner avec des périodes de mou physique et mentale. Le sportif ne doit pas passer en priorité. »

 

EVOH : Dans le process de formation du hand qui peut commencer très tôt, quelles sont les étapes clés ? Ce passage des U17-U18 est un moment charnière ?
R.V. : « Si le Hand a une motricité spécifique, quel que soit le sport, les enfants doivent faire du sport avant leurs 12 ans. Il faut apprendre à bouger, dissocier, courir avant cet âge. A 12 ans, un enfant est encore de la pate à modeler et on travaille au niveau moteur. De 12 à 16, on travaille sur l’apprentissage technique. Un moment charnière qui demande presque les meilleurs formateurs de Handball. Les enfants se développent, grandissent. Il faut gérer les corps, les poussées de croissance. Enfin, U18 est charnière dans la vie d’enfants qui arrivent à maturité physique et mentale avec priorité ou non pour le Hand. Si le parcours se construit en plusieurs étapes, pas sûr qu’il y en ait une qui soit plus charnière. »

 

EVOH : On en a parlé dans le foot et ça a été critiqué. Y a-t-il des recherches précises au Hand d’enfants à des postes clés, avec des physiques précis ou l’idée du gaucher plus rare ?
R.V. : « C’est encore à la mode, car le Handball a évolué. Regarde l’Equipe de France. Contrairement à avant, on a des grands de plus en plus mobiles. La base arrière culmine à plus d’un mètre 95. Il faut des grands costauds qui sachent courir et faire beaucoup de choses. Les exigences sont de plus en plus grandes. On est toujours à la recherche de profils. Après, on revient aussi sur la place d’autres joueurs, notamment avec l’évolution de Luc Steins qui joue au PSG et qui est son meilleur jouer cette saison. Il n’a rien d’un profil, mais c’est un joueur différent sur lequel on revient. C’est sûr que dans notre cursus de formation, on va mettre l’accent sur des gauchers, des grands, des joueurs qui sautent haut et courent vite. On cherche des joueurs avec une grande mobilité d’épaule, un bras laxe pour jouer sur l’aile, des gardiens avec de longs segments, des reflexes, une vitesse de pieds. Mais on est sur des profils plus précis et plus diversifiés qu’il y a dix ans. »

EVOH : Dans ta formation et ta culture, il y a eu Montpellier, un des meilleurs clubs d’Europe, avant l’Elite Val d’Oise. Peut-on parler de deux cultures et apprentissages différents ?
R.V. : « Je ne suis pas sûr que si on échangeait, les méthodes parisiennes conviendraient au contexte montpelliérain et inversement. J’en ai fait l’expérience à Ivry où j’ai dû m’adapter après avoir essayé d’adapter mes méthodes. Il y a énormément de jeu, de culture de la passe, de l’organisation à Montpellier qui découlent du jeu de l’équipe professionnelle, dans la gestion du rythme, de la vitesse de balle, de la propreté technique avec beaucoup de moins de duels, de physique, d’impacts, de neutralisation qu’en région parisienne. Au club, j’ai trouvé des joueurs qui vont vite, capables de faire des duels qu’aucun de mes joueurs montpelliérains n’était capable de faire. Mais ils ne sont pas capables d’enchainer, percevoir et ont moins cette culture du jeu. Il y a une vraie différence. Ça s’explique par pas mal de choses. A Montpellier, tous mes joueurs regardaient les matches de l’équipe première. Il y avait une vraie culture Handball reproduite autour du club. Les joueurs essayaient de reproduire ce qu’ils voyaient. Ce que je retrouve moins ici, où je pense que trois quarts de mes joueurs ne regardent même pas un match par mois. Ils sont là pour jouer, consommer, dans le combat, mais il y a moins cet esprit. Il y a beaucoup plus d’activités annexes dans un contexte parisien où le Handball n’est pas vraiment une priorité pour tous. A Montpellier, le club est la priorité de tous. Il y a énormément de gamins qui tapent à la porte pour entrer en équipe première. Ça fait au final un jeu, pas plus fort, mais plus cultivé question Handball. La culture du beau jeu que demande Patrice Canayer, le manager général, à la formation fait que tout est différent. »

 

EVOH : La façon de travailler était peut-être différente aussi à Montpellier avec des coaches plus proches d’une catégorie à une autre et un jeu, comme au foot à Barcelone ou à l’Ajax, où on reproduit tous le même jeu ?
R.V. : « A Montpellier, il faut savoir que tous les coaches jeunes viennent de STAPS ou sont des coaches jeunes bénévoles en formation. Il y a très peu d’entraineurs salariés ou alors, ils sont sur des catégories qui supervisent ces jeunes entraîneurs. On est obligé de rien, on n’a pas de consigne. Mais on nous oriente avec énormément de réunions techniques menées par Patrice Canayer ou le directeur du centre de formation et d’autres. Ça nous oriente dans notre démarche. Quand j’y étais, on avait quatre salariés et chaque avait un entraîneur jeune à ses côtés. Il était à l’entraînement tout le temps. Il le supervisait, on avait des retours et ça participait au développement humain d’une marque. On avait une seule vraie consigne : Jouez ! On ne faisait pas de motricité, mais du jeu, du jeu, du jeu tout le temps chez les jeunes. Maintenant, l’académie s’est développée avec un accompagnement physique et plus d’entraînements, un vrai suivi médical. C’est un peu plus structuré. Mais c’est tout. »

 

EVOH : L’Elite Val d’Oise rassemble en jeunes les meilleurs joueurs de Saint-Gratien Sannois et de Franconville le Plessis Bouchard, les plus complémentaires aussi, ainsi que d’autres clubs associés comm FB2M. Un panel large ! Trop ?
R.V. : « Il n’y a jamais vraiment de panel trop large. Plus la base est grande, mieux tu tires vers la performance. En revanche, il faut réussir à renforcer notre image de marque, créer une réelle identité Elite Val d’Oise, que tous les jeunes qui veulent accéder à la performance, et que nous on arrive à s’identifier comme le club de performance du territoire, disent “je veux jouer pour l’Elite Val d’Oise”. Si on arrive à faire ça, le territoire ne sera pas trop large pour l’Elite. Il faut que les jeunes veuillent venir chez nous. Nos U16, qui vont monter en U18, viennent beaucoup de chez nous, contrairement à nos U18 dont beaucoup ont été formés à l’extérieur. Il faut augmenter l’image de marque et notre intervention sur le territoire en échange. Chaque club doit y gagner dans cette idée de performance. »

EVOH : Quel est ton regard sur les équipe U18 Région et Département ?
R.V. : « Quand on regarde les trois équipes, on réfléchit à proposer la meilleure pratique pour tous. C’est compliqué. Il faut une pratique optimale pour la progression de chacun. Après, il y a un écart de niveau trop grand entre les tout meilleurs et les moins développés de nos enfants, en U16 et en U18. Ceux qui ont abandonné sont ceux qui pratiquaient de manière débutante ou sont moins passionnés et ceux qui sont restés sont ceux impliqués dans un process de compétition. Cet écart existe, c’est dur de devenir handballeur à cet âge-là. »

 

EVOH : A l’Elite, il y a un mode de fonctionnement avec des joueurs d’un collectif qui peuvent descendre jouer dans une autre équipe. C’est dur à gérer dans l’esprit d’un jeune ?
R.V. : « Ce qui est primordial, c’est que les jeunes soient au courant du fonctionnement et de leur équipe d’appartenance au départ. On leur dit “tu peux être mis à disposition” de l’équipe au-dessus. Il y a un système de récompense et de punition avec un groupe de base. Le jeune ne doit pas se sentir entre deux. L’appartenance dans un sport co est primordiale. Si un jeune mérite d’aller au-dessus, il y va. Mais il doit le prouver sur le terrain sur le long terme et pas sur un coup. Un U16, même s’il est bon, doit être bon dans son collectif avant d’aller en U18. Il faut l’expliquer. Tu dois être bon dans ton équipe d’abord, mais pas te sentir lésé si tu n’es pas pris. Tout se fait dans la performance dans son niveau. Ça vaut pour tous les collectifs. »

 

EVOH : Cette année, à la filière jeune s’est ajouté un collectif U16. C’était important dans le but de mieux former les jeunes en U17-U18 et plus tard ?
R.V. : « Ça paraît important qu’il y ait des U16 pour que les jeunes puissent évoluer dans le meilleur championnat possible. Il faut faire rêver dans ces catégories. Après, il ne faut pas dévaliser le territoire, mais travailler en collaboration avec. Il ne faut pas dévaloriser l’adversité. Il ne faut pas se mettre à dos des clubs qui ne voudront plus nous envoyer leurs enfants. Mon expérience montpelliéraine m’a montré que le club cherchait à renvoyer les joueurs dans leurs clubs pour développer un réseau de clubs partenaires, bien s’entendre avec eux et alimenter ses meilleures catégories. »

 

EVOH : Un dernier mot sur ton parcours. Quel est ton objectif par rapport à ces enfants et la formation, comme tu es le dernier entraîneur Jeunes de certains ?
R.V. : « J’ai un contrat avec le club de Saint-Gratien de responsable technique et administratif, manager, et suis entraîneur dépêché pour l’Elite en U18 France. Fabrice Le Roy est responsable de toute la filière formation. Un objectif est fixé pour 2024, objectif pour une structuration et une évolution sportive de la N1 ! Je suis engagé jusque là. Il faut que le club soit dynamique avec des projets, des échanges, des compétences. Je ne suis pas là pour viser des titres. Quand je suis arrivé, on m’a dit : “il faut sortir des joueurs”. J’ai une vision de formateur. Je dois accompagner, emmener des jeunes dans leurs choix ! Dans leur process de formation, ils doivent intégrer la N3. Si l’an prochain certains n’y sont pas, ce sera un échec pour moi. »

Interview : Frédéric Thoos (EVO)

Photos : Collectif U18 Championnat de France (EVO)

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